Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/210

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LE MAESTRO.

Eh bien ?

LE MARQUIS.

Eh bien, cher maestro, me direz-vous enfin pourquoi nous avons quitté Milan, et à qui nous venons rendre visite dans cette petite maison des champs ?

LE MAESTRO.

Patience donc, signor marchese ! Je vous annonce une surprise, et vous ne vous y prêtez pas du tout ! Asseyez-vous. Vous êtes ici comme qui dirait dans ma famille.

LE MARQUIS.

À la bonne heure. Je vous ai donné ma journée ; faites de moi ce que vous voudrez. Est-ce que nous sommes chez une femme ? Oui, voici un vêtement de femme.

LE MAESTRO.

Vous êtes chez des femmes.

LE MARQUIS.

Tant mieux, si par hasard elles sont jeunes et belles.

LE MAESTRO, avec une intention comique.

Pas du tout. Elles sont vieilles et laides, (s’asseyant.) Mais que vous êtes curieux ! changeons de propos pour vous faire enrager ! Vous avez donc été content hier à la Scala ?

LE MARQUIS.

Dites ravi, transporté ! Votre opéra est un chef-d’œuvre.

LE MAESTRO.

Oh ! des chefs-d’œuvre !… on n’en fait plus.

LE MARQUIS.

On a dit ça de tout temps, et on en a toujours fait.

LE MAESTRO.

Que je suis fâché de n’avoir pas su que vous étiez là ! La représentation m’eût intéressé davantage si j’avais senti dans la salle un dilettante tel que vous.

LE MARQUIS, lui prenant la main.

Dites mieux, un ami dévoué.

LE MAESTRO.

Ah ! les amis sont si indulgents !