Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/219

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LE MAESTRO, piqué, se retournant vers Camille.

Prétend-elle que sa sœur soit laide ?

NINA.

Elle prétend être plus belle et se dédommager dans le monde des succès que Camille lui enlève au théâtre.

LE MAESTRO.

Dans quel monde ? Se croit-elle une grande dame, par hasard ?

NINA.

Les grands seigneurs lui font croire qu’elle est quelque chose !

LE MAESTRO.

Qui ça ?

NINA.

Tous ceux qui viennent flâner dans les coulisses.

LE MAESTRO.

Dites-moi, avez vous remarqué que le prince Valdimonté s’occupât d’elle ?

NINA.

Oh ! celui-là ne lui dit rien de trop.

LE MAESTRO.

Faites-y attention, à ce fameux ami de l’art, qui n’entend rien à la musique ! à ce protecteur désintéressé des cantatrices, dont l’unique passion est de compromettre celles qui sont encore pures, et dont tout le système consiste à ne leur inspirer aucune méfiance ! Si Flora l’écoutait…

NINA.

Elle n’écoute personne, mais elle se vante de charmer tout le monde !

LE MAESTRO.

Eh bien, moi, je finirai par lui dire, à cette péronnelle…

CAMILLE.

Ah ! mon ami, n’est-ce pas son droit de se consoler un peu, par ses charmes, des froideurs du public pour son talent ?