Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/224

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LE MARQUIS.

Oui, plusieurs choses qui m’ont étonné, au point que…

LE MAESTRO.

Elle a dû dire mille sottises !

FLORA.

Ah ! vous nous écoutiez ?

LE MAESTRO.

Eh bien, pourquoi pas ? avez-vous des secrets à lui confier ?

LE MARQUIS, étonné.

Oh ! non, certes ! La signora prétendait qu’elle n’aimait pas énormément la musique et voulait me faire dire que je n’y tenais pas non plus. Qu’elle me pardonne ma franchise, mais j’ai cru voir là une affectation…

LE MAESTRO.

Ma foi, non ! Elle vous a dit ce qu’elle pense. Elle n’aime que le caquetage et les chiffons.

LE MARQUIS, stupéfait.

Ah ! vraiment, est-ce possible ?

Flora s’évente avec dédain.
LE MAESTRO, apercevant Camille qui met le couvert.

Eh bien, qu’est-ce que tu fais donc là, toi ?

CAMILLE.

Je suis sûre que vous avez faim, et je me dépêche…


LE MAESTRO, lui ôtant la serviette des mains.

Tu sais que je ne veux plus que tu t’occupes du ménage. C’était bon avant le succès, tout ça ! On pouvait douter de l’avenir, et se tenir prête à rentrer modestement dans la médiocrité. Mais, à présent, ces soins-là ne te conviennent plus. Est-ce que tu en as le temps ? est-ce que ces mains-là sont faites pour essuyer la vaisselle ?

CAMILLE, baissant la voix. Le marquis commence à l’observer attentivement et à l’écouter.

Oh ! cher maître, voulez-vous donc que Nina ait toute la peine ? C’est un plaisir pour moi de l’aider !