(Il va chercher son étui à cigares, en prend un ; le met dans sa bouche, en offre un au marquis, qui refuse poliment.) Voulez-vous ?… Sacrebleu ! que vous m’ennuyez avec votre fantaisie ! je ne voulais plus avoir de ces histoires-là…
J’en suis désolé, mais…
Passez !
Après vous.
Scène IV
Elle sort de sa chambre ; elle a une autre coiffure et un autre mantelet.
Cette voix !… ai-je rêvé ? c’était la sienne ! (Elle va à la porte et regarde.) Je ne vois pas sa figure… mais c’est lui, c’est le marquis. Est-ce possible ? Pourquoi viendrait-il ici ? Non, je suis folle ! il n’a ni l’envie ni le droit de courir après moi… Ce n’est pas moi qui lui plais ; il se garderait bien de quitter Camille, il l’aime ! Eh ! que m’importe ! le prince a raison, je ne dois aimer personne… Ce pauvre prince ! il est bon et loyal ; mais je ne sortirai pas avec lui… on croirait peut-être qu’il m’enlève en effet… et j’en rougirais ! Ah ! ce n’est pas pour lui que je me résignerais à être calomniée ! N’y pensons plus… Mais, si c’est là le commencement de ma liberté, je vais bien m’ennuyer, moi ! (Elle s’assied tristement.) Il faut donc toujours dépendre de quelqu’un, ne fût-ce que de soi-même ?… Ah ! Camille, tu ne t’ennuies jamais !… J’oublierai !… je serai belle, insouciante, gaie !… je n’entendrai plus applaudir et louer Camille !…