Je viens manger à la hâte un morceau, car je n’en peux plus, et je te rejoins.
Ah ! Valentin ! que tu mets de courage et de zèle à notre service ! Je ne t’en sais pas assez de gré ; mais, que veux-tu ! je travaille sans savoir de quoi il s’agit ! J’ai l’âme à autre chose !
Eh bien, lui as-tu parlé ?
À mon père ? Oui, hier.
Je sais ça ; mais ce n’était pas le plus difficile. Que lui as-tu dit, à elle ?
Rien ! Je viens de la voir, et, comme de coutume, elle a trouvé un prétexte pour ne pas échanger avec moi trois paroles.
Elle ne peut pas deviner…
Elle devine mon amour, sois-en sûr ; mais elle s’en effraye. Elle croit devoir s’en préserver comme d’un danger, ou d’une offense ! Ah ! me connaît-elle si peu…
Fais-toi comprendre. Où est-elle ?
Là ! mais, je t’en prie, parle-lui pour moi : tu me l’as promis !
Eh bien, Pierre, ce serait le mieux, puisque tu n’oses point parler toi-même !
Non ! non ! ni mon père ni moi ne serons assez adroits, assez patients pour l’interroger. Elle hésitera, sans doute. Si elle venait à me refuser !…