Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/302

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REINE.

Vous ne m’aimez plus ! Oh ! monsieur Pierre, pourquoi vous êtes-vous mis dans la tête une idée comme ça ?

VALENTIN.

Et vous, pourquoi tant vous presser de le désespérer ? Prenez le temps de la réflexion. Reine !

PIERRE, éclatant.

Eh ! ne vois-tu pas qu’elle en aime un autre ?

BIENVENU.

Un autre ! par exemple !…

SUZANNE.

Doucement, Pierre… C’est son droit ! De quoi te fâches-tu ?

REINE.

De ce qu’elle l’a si bien caché, que je ne le savais pas ! Qu’elle l’avoue, et je ne lui demande plus rien.

BIENVENU, assis à la table.

Oui, voilà ! qu’elle l’avoue et on lui pardonnera, que diable ! Pour refuser mon fils, il faut qu’elle ait fait des promesses à quelqu’un. Voyons, parlez, belle jeunesse ! À qui avez-vous donné parole en cachette de nous ?

REINE.

À personne, mon parrain !

PIERRE, avec emportement.

Vous mentez, Reine ! Je vois bien que vous mentez !

REINE.

Pierre ! comme vous me parlez durement !

SUZANNE.

Elle a raison : on ne tourmente pas comme ça une pauvre enfant !

BIENVENU.

Mais, moi, j’ai le droit de la tourmenter !… (Lui saisissant les mains.) Voyons, mauvaise tête…

REINE.

Mon parrain, je ne peux rien vous dire.