Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/315

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VALENTIN.

Tu vois donc bien !

PIERRE.

Valentin, elle aime quelqu’un ! En cela, elle n’a pas menti.

VALENTIN.

Alors, c’est quelqu’un du dehors. Pourquoi diable irait-elle penser au fiancé de Suzanne, quand elle est assez jolie pour choisir ailleurs ?

PIERRE.

Ah ! lu la trouves jolie, toi, Valentin ?

VALENTIN.

Je pense que tu ne la trouves pas laide ?

PIERRE.

Enfin ; tu comprends qu’on ait de l’amour pour elle ?

VALENTIN, travaillant toujours.

Oui, sans doute, quand on est disposé à aimer.

PIERRE, l’observant encore.

Tu es bien heureux, toi, si tu es à l’abri de ce mal-là !

VALENTIN, se contraignant et s’étourdissant.

Moi ? Ah bien, oui ! J’aime trop la gaieté, la liberté… le bon vin qui fait rire et chanter, les amours qui n’enchaînent pas…

PIERRE.

Et pourtant, tu ne t’enivres jamais ! tu n’es pas dissipé, et je te trouve même sérieux depuis quelque temps.

VALENTIN.

Depuis que c’est ton goût que je sois comme ça.

PIERRE.

Oh ! depuis un an, tu es bien changé, Valentin ! Tiens, parle-moi franchement, tu es amoureux, toi aussi ?

VALENTIN.

Moi ? Bah !… Mais il ne s’agit pas de moi !

PIERRE, avec impatience et se levant.

Si fait ! Tu as mes secrets : pourquoi n’ai-je pas les tiens ?

VALENTIN, levant la tête et quittant son travail.

Ah çà ! tu me questionnes… Ce n’est pas ta coutume. (Avec