Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/35

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ALEXIS.

Fulgence est doux, honnête, bien élevé ; il a une jolie figure, il est jeune, il te plaît, n’est-ce pas ?

VICTORINE.

Oh ! oui, il me plaît bien.

ALEXIS.

Enfin, ce n’est pas ton mariage qui te rend malheureuse ?

VICTORINE.

Oh ! non ! il n’a pas de quoi ; mais c’est l’idée du mariage qui me donne toujours envie de pleurer. Ce serait avec un autre, ce serait la même chose.

ALEXIS.

Vrai ?

VICTORINE.

Vrai !

ALEXIS, à part, soupirant un peu.

Allons !… (Haut.) Allons, ma petite Victorine, ma petite sœur, il ne faut pas te gâter les yeux ; et puis, si tu es triste comme cela, je n’oserai pas te faire mon compliment et mon cadeau, car je t’apportais le mien à mon tour. (Regardant les cartons et tirant une petite boîte de sa poche.) Je vois que j’arrive le dernier, mais c’est la faute de l’ouvrier qui m’a fait attendre.

VICTORINE.

Vous m’apportez un bijou ? Ah ! c’est quelque chose que je pourrai porter toujours, tant mieux !

ALEXIS.

J’en serai bien fier, si cela te plaît. Regarde !

VICTORINE, ouvrant la boîte.

Oh ! votre montre ! votre belle montre à répétition ! celle qui a passé une nuit avec moi, la veille de votre duel ! Ah ! quel souvenir de chagrin… et de bonheur aussi !… car, après cette vilaine nuit où je n’ai pas fermé l’œil… puisque je savais, moi, que vous alliez vous battre… quelle joie, le lendemain, de vous voir revenir sain et sauf ! Nous étions tous si heureux ! Ah ! je vous remercie d’avoir pensé à me donner