Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/58

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ANTOINE.

Mais… il est bien permis à une fille sage d’aimer son amoureux !

ALEXIS.

Si tu te trompais… si…

ANTOINE.

Ça ne regarde que moi, ça, monsieur Alexis !

ALEXIS.

C’est vrai… mais l’intérêt que je te porte…

ANTOINE.

Bien, bien, monsieur ; je vous en remercie.

ALEXIS.

Tu n’as pas à m’en remercier ; c’est mon devoir. Tu nous es si dévoué ! Ta famille et la mienne, c’est une seule, une même famille ! Le malheur de Victorine ferait le tien, le nôtre à tous, par conséquent !

ANTOINE.

Mais Victorine ne sera pas malheureuse, monsieur ; c’est moi qui vous en réponds.

ALEXIS.

Sans doute, si elle aime Fulgence… Tu le connais bien, lui ?…

ANTOINE.

Vous savez aussi bien que moi que c’est un parfait honnête homme.

ALEXIS.

J’étais absent lorsqu’il est entré ici… Est-ce que… est-ce qu’il y a longtemps que Victorine a de l’affection pour lui ?

ANTOINE.

Monsieur Alexis !… les sentiments d’une jeune fille… c’est si délicat, que, moi qui suis son père, je n’oserais pas lui faire les questions que vous me faites. C’est mon devoir de les deviner… et de les encourager quand je les trouve bien placés. Victorine est plus sûre d’elle-même qu’elle ne paraît, et je sais bien, moi, qu’elle ne veut pas d’autre mari que celui à qui j’ai donné ma parole.