Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/68

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VANDERKE, s’approchant des bougies, et après avoir lu la lettre.

L’écriture de mon fils ?… Oui ! Elle est contrefaite sur l’adresse. (Il retourne la lettre.) Mais c’est encore son écriture… Antoine ! une nouvelle assez grave. Vois !

ANTOINE, lisant, près de la console de droite.

« Harris et Morrisson ont failli ; j’espère vous l’annoncer à temps pour que vous vous mettiez en mesure. » Eh bien, vous n’êtes pas plus ému que cela, monsieur ?

VANDERKE.

Je m’y attendais.

ANTOINE.

Mais c’est six cent… bah ! sept, huit cent mille livres qu’il vous faudra trouver dans vingt-quatre heures, peut-être !…

VANDERKE, avec calme.

On les trouvera : tout est prévu.

ANTOINE.

Ah ! monsieur ! et vous ne m’en disiez rien !

VANDERKE.

À quoi bon ? Tu étais bien assez tourmenté de tes affaires domestiques.

ANTOINE.

Mes affaires ne sont rien quand il s’agit des vôtres.

VANDERKE.

Mais qui donc a apporté cette lettre ?

ANTOINE.

Je n’ai vu personne. J’ai trouvé cela sur mon bureau, il n’y a pas dix minutes.

VANDERKE.

Il y a sûrement un courrier arrivé ici ?

ANTOINE.

Je vais le chercher et vous l’amener.

VANDERKE.

Dans mon cabinet, entends-tu ? Il ne faut pas que ma famille se doute de rien.