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Scène XIII

ALEXIS, puis FULGENCE.
ALEXIS, allant ouvrir la porte au fond.

Non ! je n’oublierai rien, et je ne me cacherai pas. (Il ouvre la porte.) M. Fulgence !

FULGENCE.

M. Vanderke ! J’en étais sûr !

Il va à la sonnette et la tire avec violence. On doit entendre le bruit de la sonnette, au loin.
ALEXIS.

Que faites-vous ?

FULGENCE.

Vous le voyez, monsieur. Je sais que cette sonnette répond au cabinet de M. Antoine, et je l’appelle pour qu’il vienne ici, pour qu’il sache bien pourquoi je ne veux pas être son gendre.

ALEXIS.

Du scandale, monsieur ? vous voulez faire du scandale ? Vous êtes jaloux, je le sais ; mais sachez vous-même…

FULGENCE.

Je sais ce que je voulais savoir… et je vous prie de croire que, de ce moment, je ne suis plus jaloux.

ALEXIS.

Vous voulez perdre Victorine, outrager ma famille par vos soupçons ? Je ne le souffrirai pas. De quel droit êtes-vous ici, vous-même ?

FULGENCE.

Du droit d’un fiancé fort ridicule peut-être, mais qui ne veut pas être un époux méprisable. Je vous sentais ici, je vous épiais, monsieur, j’ai voulu m’assurer… J’ai fait mon devoir envers moi-même ; si vous le trouvez mauvais, c’est que vous n’avez guère la conscience du vôtre.