Page:Sand - Theatre complet 2.djvu/90

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FULGENCE.

Monsieur Antoine, ce que j’ai à dire, un père seul peut l’entendre.

ANTOINE.

Un père ? Il s’agit de Victorine ! Eh bien, vous n’avez rien à me dire de Victorine que tout le monde ne puisse pas entendre. Parlez, parlez, pas de réticences, je n’en veux pas. Je n’ai pas de secrets, moi, pour M. et madame Vanderke.

VANDERKE.

Alexis, pourquoi êtes-vous ici quand vous devriez être à Paris ?

FULGENCE.

Le silence de monsieur est plus éloquent que tout ce que je pourrais dire. Allons, allons, l’affaire s’arrangera en famille !… Vous êtes bien bon, monsieur Vanderke, d’avoir doté mademoiselle Victorine : mais l’homme qui acceptera de tels bienfaits, cherchez-le ailleurs, ce ne sera pas moi !

VANDERKE.

Fulgence, la passion vous aveugle, vous devenez outrageant envers moi !… Écoutez, mon fils m’apportait une nouvelle… Je compte sur votre honneur, voulez-vous que je vous la dise ?

FULGENCE.

Non, monsieur, non ! ne comptez pas sur moi, ne comptez sur rien, ne comptez sur personne ; il n’y a que mensonge et trahison en ce monde !

MADAME VANDERKE.

Monsieur Fulgence, vous accusez donc mon fils ?… Mais il était ici chez sa sœur ; et savait-il, sait-il seulement que Victorine était auprès d’elle ? Dites, Alexis, le saviez-vous ?

ALEXIS.

Ma mère, je pourrais dire que c’est monsieur qui me l’a appris ; mais je ne sais pas mentir : j’ai vu Victorine, je lui ai parlé.