Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/145

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l’autre ? Tenez (montrant Sarah), je regarde milady… je vois que son âme est tendre. (Montrant Barbara.) Je regarde milady, je trouve son visage agréable. L’une est belle parce qu’elle est bonne, l’autre est bonne parce qu’elle est belle.

SARAH, souriant.

Très-joli !

BARBARA.

Charmante !

GÉRARD.

Délicieux ! (À part, voyant que Rita reste comme pétrifiée devant Flaminio.) Ah çà ! toutes les trois ! Eh bien, il a du succès, mon marquis !

BARBARA, à Flaminio.

Je trouvé vous bien synthétical pour une géolôgue !

FLAMINIO, avec feu.

Géologue, moi ? Dieu me préserve de l’être ! (Gérard tousse pour l’avertir.) De l’être à toute heure ! Un froid et gauche pédagogue ! quand ce vin d’Espagne couleur de rubis rit au fond de mon verre et porte sa flamme au fond de mon cœur ? (Il boit.) Ah ! laissez-moi déraisonner, mon cher… (Bas, à Gérard.) Comment vous appelez-vous ? Il faudra me le dire. (Haut.) Mes chers amis… (Mouvement de surprise de Sarah et de Barbara.) Je parle aux nuages, aux arbres, à toutes les divines essences, à toutes les brillantes formes de la création. Non, ce n’est point en savant, c’est en poète que j’aime la nature, et que je comprends le beau, la femme, l’amour.

SARAH, à Barbara.

S’il commence sur ce ton-là…

FLAMINIO, qui l’a entendue.

Oui, signera ! L’amour n’est-il pas l’alpha et l’oméga de la vie ? Trésor et conquête pour les uns, attente ou regret pour les autres ! Ma foi, vive l’espoir ou le rêve ! Qu’est-ce que la jeunesse ? Un bal masqué resplendissant de feux ou d’éclairs !

GÉRARD.

Vous oubliez facilement les heures de déception, à ce qu’il parait ?