Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/16

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LÉONARD.

Ouf ! quel temps ! Il pleut des hallebardes !…

ANTOINE.

Eh bien, quelles nouvelles de cette chasse ?

GAUCHER.

Aucune ! Il y avait là des gens de trop, nous n’avons pu approcher.

ANTOINE, ricanant.

Des gens du roi qui vous ont fait peur ?

LÉONARD.

Peur ? Parle pour toi ; mais il n’y aurait eu que folie à se montrer. On y avait fourré toute la maréchaussée du pays, comme s’il se fût agi, non d’une battue aux loups, mais d’une campagne contre les francs seigneurs de la Varenne.

ANTOINE.

Oui-da ! Il faut vite annoncer cela au vieux Jean !

LÉONARD.

C’est fait ; il nous attendait à la herse. Il va venir ici tenir conseil. (À Gaucher.) Frère, va donc avertir tous nos valets, et les amis de la maison qui sont céans à cette heure.

ANTOINE, voyant Tourny.

Qu’est-ce que tu fais là, toi ? Gare aux curieux ! (Il fait le geste de le frapper, Tourny s’esquive.) Avertirai-je Bernard ?




Scène IV

Les mêmes, JEAN.

Jean, hideux personnage, contrefait, boiteux, un peu chauve. Il est le plus âgé des frères Mauprat. Sa mise est d’un gentillâtre sédentaire, assez sordide, mais moins débraillée que celle des autres. Il est entré à pas de loup par la porte du fond, et répond aux derniers mots de Gaucher. Pendant cette scène, à l’exception de Jean, les personnages sont occupés d’une manière appropriée à leur genre de vie ; l’un fourbit ses armes, l’autre raccommode un filet à pêcher.