Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/180

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son émotion.) Oh ! dear ! j’ai marché moi bien lourde sur le pied de vous ? La princesse passe à droite ; sur un signe de Sarah, on s’assied.

SARAH.

Nous écoutons.

LA PRINCESSE.

Tenez, Sarah, je veux vous témoigner la franchise et les égards que se doivent deux anciennes compagnes de couvent. Je ne dis pas deux amies : la différence de nos caractères… J’accorde toute supériorité au vôtre, et, pour vous prouver l’estime que j’en fais, je veux, moi, irréfléchie et spontanée, vous donner un bon conseil.

SARAH.

Ah ! vous allez me donner des conseils ?

LA PRINCESSE.

Oui, malgré votre amertume et le dédain de miss Melvil, qui n’est peut-être pas un guide aussi prudent qu’elle se l’imagine, je vois, par ce qui se passe ici, que vous admettez un peu vite dans votre intimité le premier aventurier qui se présente avec une jolie figure et une belle voix. Vous avez tort. L’Italie fourmille de ces petits messieurs-là, dont l’avenir est plus brillant que le passé. Celui-ci est un vagabond que mes parents ont dû chasser de leur service pour cause de paresse, et que j’ai vu ensuite courir les rues de Milan et de Naples, avec la joyeuse bande des saltimbanques, bras dessus, bras dessous avec des femmes… quelles femmes ! et logeant à la belle étoile, quand il ne couchait pas en prison pour tapage nocturne et rixes de cabaret. Je ne saurais trop répondre qu’il n’y ait jamais eu quelque chose de pis. Vous pensez bien que je n’ai pas suivi avec beaucoup d’attention le vol de cet oiseau voyageur.

BARBARA.

Oh ! pardonne-moi ! vous suivez loui, présentement ?

LA PRINCESSE.

Non, c’est moi qui lui ordonne de me suivre, parce que le duc de Treuttenfeld, un autre de mes protégés, m’a révélé en