Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/213

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je crois que voilà cette joyeuse société ! Allons nous mettre à table. J’ai grand’faim !

FLAMINIO, le suivant et retardant pour voir entrer Sarah.

Oui… et moi aussi… (À part.) Ah ! je ne la reconnais plus sous cette parure… Et ce rire n’est pas le sien !… Allons, tout est bien fini.

Il entre dans le chalet, où le duc est déjà entré.




Scène III


SARAH, BARBARA, GÉRARD.


SARAH, très-élégante et d’un enjouement fébrile.

Moi, je le trouve stupide, votre chalet. Il n’y a plus ni poésie ni mystère ; ce n’est plus qu’une guinguette ; par conséquent.

GÉRARD.

Par conséquent, vous bravez sans effort des souvenirs… redoutables !

SARAH, à Barbara.

Qu’est-ce qui lui prend, depuis un quart d’heure, de faire des allusions au passé, lui qui, dans le passé, combattait si bien… ?

GÉRARD.

Ah ! j’ai combattu vos sentiments ! je les ai même froissés… J’ai cru bien faire ! Ce qui me rendait féroce, c’est que ma conscience était à l’abri de toute convoitise personnelle. Je l’ai prouvé en fuyant…

SARAH.

Le danger de m’aimer ? Quel roman vous faites !

GÉRARD.

Non ! je ne m’en fais pas accroire. Je n’aurais pas voulu être un pis aller. En vous retrouvant ici brillante et victorieuse, je me suis dit que tout était pour le mieux, et dès lors je sens que j’ai encore un devoir à remplir.