Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/216

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et, comme il est fort riche, il croit avoir droit à tous les succès.

SARAH, regardant.

Est-ce qu’il n’arrive pas bientôt ?

GÉRARD.

Ah ! il vous tarde…

SARAH.

Allez donc voir !

GÉRARD.

C’est-à-dire que vous avez assez de moi pour le moment ?

Il s’éloigne par le fond.
BARBARA.

Oh ! je comprends, vous avez bien assez de ce conversation… shocking !

SARAH.

Non, j’ai trop de moi-même, voilà tout.

BARBARA.

Je souffre bien de voir vous souffrir.

SARAH.

Non, ma chère ! voilà ce qu’il ne faut jamais me dire : c’est cruel de votre part ! Je ne souffre pas ! je ne suis pas de ces âmes lâches qui pleurent éternellement une illusion perdue et qui tombent brisées sous un indigne affront ! Je hais la plainte, et, en me plaignant, on m’irrite, on m’offense.

BARBARA.

Oh ! dear ! je offenser vous ?

SARAH.

Vous ?… (Elle va pour se jeter dans ses bras et s’arrête.) Non ! il ne faut plus s’attendrir. (Elle lui baise la main.) Vous êtes forte, vous êtes fière, ma sœur ! Soyez pour moi ce que vous seriez pour vous même… Vous n’auriez pas pardonné…

BARBARA.

Pardonner le fuite avec le jeune fille ?… No ! jamais ! mais je aurais oublié.

SARAH.

Eh bien, j’oublierai !