Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/219

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voyageur… je ne sais de quel pays… qui s’appelait… je ne sais comment.

GÉRARD, à part.

Eh bien, ça promet, son historiette !

KOLOGRIGO.

J’ai oublié ! ce n’était pas un nom. Tout ce que j’ai su depuis, c’est que l’homme avait fait du bruit en Égypte… je crois, ou ailleurs ! C’est un monsieur qui… ah ! oui, un artiste, qui s’était fait ingénieur, et qui… par ses découvertes, son savoir-faire… enfin, un monsieur qui a établi des digues, percé des montagnes, retrouvé des antiquités, un tas de choses comme ça. Si bien qu’en peu d’années, il avait fait fortune en Orient, et qu’à l’époque dont je vous parle… il n’y a pas six mois, il revenait d’une mission… importante à ce qu’il paraît ! Bref…

GÉRARD.

Ah oui ! bref.

KOLOGRIGO.

Mes gens et les siens s’imaginèrent, pendant que les chevaux se reposaient, de s’exercer à tirer à la cible avec une espèce de grand arc persan ou tartare… C’est très-difficile ! Ce monsieur s’en mêla, et moi aussi… J’avoue que je ne croyais pas avoir de rival au monde pour ces exercices… Eh bien, il me gagna. Je le défiai à la carabine… Il me gagna encore. Je voulus intéresser la partie, je savais que ça donne de l’émotion, et qu’étant le plus riche probablement, je serais le moins ému.

LE DUC, à part, sur le perron, la serviette à la main et la bouche pleine.

Corsaire, va !

LA PRINCESSE.

Alors… il perdit la tête… et la partie ?

KOLOGRIGO.

Non ! il refusa, disant qu’il ne voulait pas me gagner mon argent. J’étais si furieux, que je fus forcé d’aller me jeter à l’ombre sur une natte pour me reposer. Quand je m’éveillai,