Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/225

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SARAH.

C’est trop de grandeur d’âme et de bonté ; je ne pourrais pas suivre un si bel exemple ! (À Kologrigo, très-tendue et animée.) Et vous, comte, comment prenez-vous la trahison ?

Gérard, la princesse et le duc remontent au fond.
KOLOGRIGO, qui se balance sur une chaise, moitié debout, moitié appuyé sur le dos, de la chaise de Sarah.

Je ne sais pas… encore.

SARAH.

Ah ! vous n’avez jamais été trahi ?

KOLOGRIGO.

On l’est toujours par sa faute.

SARAH.

Vous croyez ça ?

KOLOGRIGO, baissant la voix.

Faites-vous aimer de moi, et vous verrez que je peux être fidèle.

SARAH.

Comment ? qu’est-ce que vous avez dit ?

KOLOGRIGO.

Oh ! vous avez bien entendu ! Allons, vous le demandez avec de si beaux yeux… C’est accordé ! Je vous aime !

Il se penche pour lui donner à la dérobée un baiser sur l’épaule, elle se recule vivement et se lève tremblante de colère. Gérard n’a pas vu le mouvement de Kologrigo, il parlait avec la princesse. Flaminio d’un côté, Barbara de l’autre, l’ont vu. Flaminio est pâle mais tranquille, Barbara est indignée.
GÉRARD, revenant à Sarah.

Eh bien, qu’est-ce que c’est ? Il vous a dit une impertinence ? Ce sultan vous jette le mouchoir ? Dame, je l’avais prédit, vous l’avez voulu !…

Il retourne vers la princesse.
BARBARA, à Sarah, regardant Kologrigo.

Oh ! cet homme sauvage !… Je voudrais donner une soufflète à lui, si j’étais une homme !