Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/23

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

château, je les ai vus, à travers champs, sur les fossés, le long du bois, par cent et cent, par mille et mille, rats et souris, toute une armée ! la… la… (gesticulant avec une sorte de majesté comique), noire, épaisse, trottant, fuyant… vite, vite !… horrible à voir ! Blaireau de trembler, lui si hardi ! moi de reculer, de me ranger… Tout a passé ! Je suis venu, je vous le dis ; l’honnête homme doit la vérité.

JEAN.

Voilà un étrange récit ! mais je n’y crois pas, don Marcasse.

MARCASSE.

Pardon ! chose très-vraie ! signe certain : maison près de crouler, rats et souris l’abandonnent.

JEAN.

Est-ce une métaphore, l’ami ? Voulez-vous dire que la fortune des francs seigneurs touche à sa fin ?

MARCASSE.

Chose possible !

JEAN.

Pourquoi pensez-vous ainsi ?

MARCASSE.

M. de Puymarteau pendu !

JEAN, tressaillant.

Puymarteau pendu ? Que dites-vous là ? Vous mentez !… ça ne se peut pas !

MARCASSE.

J’ai vu la corde, l’homme au bout.

JEAN.

Où ça ? quand ça ?

MARCASSE.

Il y a trois jours, à Buzançais.

JEAN, agité, se parlant à lui-même.

Est-ce croyable ? Pendu ! cet homme si rusé, si hardi, notre modèle, notre allié, notre dernière espérance ! (À Marcasse) À la suite d’une révolte, n’est-ce pas ? trahi, assassiné par ses gens ?