Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/253

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FRANTZ.

Il prétend qu’à cette heure suprême, M. le baron, se sentant mourir, lui a prescrit deux choses : la première, de repéter avec nous, dans ce même lieu, le 22 du mois prochain, qui sera le jour de la Sainte-Cécile, patronne des musiciens, ce même motif de Hœndel, tiré de…

KELLER.

Je ne connais pas, n’importe ! La seconde chose ?

FRANTZ.

C’était, suivant Favilla, l’ordre de rendre heureux ses vassaux et ses protégés, au moyen de l’héritage qu’il lui laissait.

KELLER, agité.

Qu’il lui laissait ?… Par quel acte ?

FRANTZ.

Oh ! cela, monsieur, c’était un rêve ; car rien de semblable n’a été retrouvé, ni ici ni ailleurs. J’ai assez cherché, vous pouvez m’en croire.

Il monte vers la table.
KELLER, se levant.

Et vous n’avez aucun indice dans le passé… d’une intention… ?

FRANTZ.

Aucun. M. le baron était assez mystérieux dans ses projets.

KELLER.

Pourtant, cet homme persiste… On n’essaye donc pas de le détromper ?

FRANTZ.

On n’y a pas réussi ; c’est d’autant plus difficile qu’à tous autres égards, il est rempli de sagesse et de pénétration. Il a toujours été un peu distrait, mais ce n’est pas moins une intelligence d’élite. C’est à cause de cela qu’on espère ; mais les médecins, voyant comme la contradiction le faisait souffrir, ont bien recommandé de la lui épargner ; ils croient que, de lui-même et peu à peu, il retrouvera la notion des faits réels, ou qu’il perdra le souvenir du rêve qui l’a frappé.