Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/276

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fière comme la vertu, et que personne encore n’avait osé regarder sans respect ?

JULIETTE.

Ah ! ma mère, tu as raison ; son amour est une offense, et je dois en être humiliée !

MARIANNE.

Tu le lui as fait sentir dans ta réponse ?

JULIETTE, confuse.

Ma réponse ! (Elle hésite encore, regarde sa mère, et lui remet une autre lettre qu’elle avait dans sa poche.) Vois, maman ! lis ! Si tu ne la trouves pas assez sévère, je recommencerai ; tu me dicteras.

MARIANNE, jetant les yeux sur la lettre.

Elle me paraît bien ; veux-tu que je la lui remette ? Il croira peut-être que c’est moi qui te contrains.

JULIETTE.

Tu penses que je ferais mieux de ne pas répondre !

MARIANNE.

Cela me paraîtrait plus fier, plus digne de toi… Est-ce ton avis ?

JULIETTE.

Oh ! certainement !

MARIANNE.

Mais cela ne suffira peut-être pas pour lui ôter l’espoir offensant qu’il a de te plaire. Peut-être seras-tu forcée de t’éloigner pour quelque temps.

JULIETTE.

M’éloigner de… ? Pas de toi, j’espère !… (Apercevant Herman au fond et tressaillant.) Ah !

MARIANNE, l’observant.

Va rejoindre ton frère, il te dira… Passe par ici. (Elle montre la gauche ; pendant qu’elle sort, sa mère va précipitamment brûler sa lettre à la cheminée, en disant.) Ne faisons pas d’erreur !

Herman entre.