Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/305

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seur d’une femme aimée… Ainsi, ce soir… dans une heure !…

Il regarde autour de lui.
KELLER, grommelant.

Oui, oui, c’est ça, dans une heure ! si vous n’êtes pas couché et malade !

FAVILLA, s’animant.

Ah ! vous raillez, je crois !

KELLER, irrité.

Allez au diable, avec vos extravagances ! Vrai, j’en ai assez !

FAVILLA.

Et moi aussi, des vôtres !

KELLER.

Eh bien, puisque vous me poussez à bout, vous allez entendre une bonne fois la vérité que je vous cachais !

FAVILLA, avec force.

La vérité ?… Allons donc, monsieur, je voyais bien que vous mentiez avec moi !

KELLER.

Comme vous voudrez ! Je me suis prêté à la circonstance, ça m’amusait… Eh bien, ça ne m’amuse plus ; ça va trop loin, et je trouve votre famille blâmable d’entretenir…

FAVILLA.

Quoi donc ?

KELLER.

Votre folie, la ! puisqu’il faut tout vous dire. Je me moque bien que vous ayez une crise de nerfs !… vous n’en mourrez pas, et, d’ailleurs, ce n’est pas vivre que de rêver sans cesse ! Apprenez, mon cher, que vous n’êtes pas plus seigneur de Muhldorf que le Grand Turc ; vous n’avez pas hérité d’un florin. Mon oncle n’a jamais testé en votre faveur, et c’est même parce qu’il vous a un peu trop oublié que j’ai le procédé de vous garder chez moi jusqu’à ce que la raison vous revienne… Tenez-vous donc à votre place ; je ne vous reproche pas ma complaisance ; mais ne me rendez pas la vie in-