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supportable, car je me verrais forcé de vous dire : « Partageons le domicile : je garde le dedans… prenez le dehors ! »




Scène VIII


Les Mêmes, MARIANNE, ANSELME, JULIETTE, HERMAN, PRANTZ.


FRANTZ, d’abord à la cantonade, au fond.

Oui, mes amis, placez-vous là dans la galerie, on vous avertira !

Marianne et Juliette entrent par la porte de droite ; puis viennent Anselme et Herman.
MARIANNE, allant à Favilla, qui s’est assis sur le grand fauteuil, brisé par les paroles de Keller, et les yeux fixes.

Eh bien, mon ami, commençons-nous ?

FAVILLA, lui prenant vivement la main.

Marianne… dis-moi… est-ce vrai ce que je viens d’entendre ?

KELLER, à Marianne, qui le regarde avec surprise.

Eh bien, oui, je lui ai dit les choses comme elles sont ! Il était temps ! Il parlait de me mettre à la porte de chez moi, et vous lui rendiez un très-mauvais service…

ANSELME.

C’est bien maladroit, ou bien cruel à vous, monsieur, de risquer…

KELLER.

Je ne suis ni cruel ni maladroit, je me conduis suivant la règle du bon sens ; et vous voyez bien que, devant la vérité, le voilà guéri et tranquille.

FAVILLA, avec doute.

Guéri ?… tranquille ?… J’étais donc… ?

MARIANNE, auprès de Favilla, avec Anselme et Juliette.

Ne cherche pas, je te dirai tout. M. Keller a cru devoir agir sans ménagement ; nous ne pouvons lui en savoir gré ; mais nous ne reculerons pas devant la situation qu’il nous