Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/330

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DANIEL, à part.

Eh bien, qu’est-ce que ça lui fait ?

STÉPHENS, regardant au dehors.

Comment ! elle soulève un tronc d’arbre mort dans le jardin avec ses petites mains ? Ah ! par exemple !

Il sort précipitamment.
ADRIEN.

Prenez garde à Lucie, Daniel ! mon ami Stéphens…

DANIEL.

Oui, oui, je vois bien ! (Il prend son fusil, qui est resté près de la porte vitrée.) Attends, attends-moi, grand brigand ! je vas te gêner, moi !

ADRIEN, l’arrêtant.

Eh bien, eh bien ! (Lui ôtant son fusil.) Vous êtes trop vif, Daniel ! Il n’est pas nécessaire…

DANIEL, regardant dehors.

Si fait… Vous voyez bien que son air baroque effraye Lucie… Elle l’évite, il double le pas, il court après elle… Laissez, monsieur : je…

Lucie rentre avec des morceaux de bois mort dans son tablier et dans ses bras.
ADRIEN.

Non ! tenez, la voilà. (Il va à elle et prend le bois.) Comme vous êtes essoufflée et chargée, Lucie ! Et c’est pour moi que vous prenez cette peine ! (Il aide Lucie à allumer le feu.) Non ! laissez-moi faire !… Je ne souffrirai pas plus longtemps que vous me serviez ainsi ! Voyons, Stéphens, entrez donc et fermez cette porte. Vous nous gelez !

STÉPHENS, à la porte vitrée.

Je ne peux pas entrer, je fume, et, devant mademoiselle Lucie, je ne me permettrais pas…

DANIEL, lui fermant la porte au nez.

Oui, oui, ça l’incommode !

ADRIEN, à Lucie, qui lui présente des cigares sur une assiette.

Mais non, Lucie, si cela vous est désagréable.