Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/44

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garçon prendra le cheval de M. Aubert qui est là (il montre l’étable), et il courra à Sainte-Sévère…

BERNARD, s’oubliant.

Moi, à Sainte-Sévère ?

PATIENCE, reculant de surprise.

Dieu de bonté ! savez-vous mademoiselle Edmée dans quelle compagnie vous êtes ici ? Connaissez-vous ?…

EDMÉE.

Oui, je le connais ! Silence, ami ; je lui dois plus que la vie !

BERNARD.

Eh ! pourquoi cacher ce que je suis ! croyez-vous qu’un Mauprat ait peur de deux hommes ?

M. AUBERT, effrayé.

Mauprat ! c’est là un Mauprat !

BERNARD.

Eh bien, oui, monsieur l’habit noir, c’est un Mauprat ! Prétendez-vous déjà m’appréhender au corps ? Essayez-en tous deux !

EDMÉE, lui saisissant le bras.

Taisez-vous, Bernard ! je réponds de vous devant Dieu, mais je vous défends de provoquer personne.

BERNARD, la regardant avec une sorte de plaisir.

Vous me défendez, oui-da ! Et de quel droit, cousine ?

EDMÉE, l’emmenant vers la cheminée, où elle le fait asseoir, et lui parlant à voix basse.

Du droit que l’intérêt et l’amitié me donnent sur vous.

BERNARD, de même.

L’amitié ? encore l’amitié ? Oh ! pour si peu, je n’obéirai guère !

EDMÉE, parlant plus bas encore.

Eh bien, Bernard, du droit dont vous m’avez investie vous-même, en me donnant votre amour.

BERNARD.

À la bonne heure ! c’est une raison, cela ! Faites de moi ce que vous voudrez.