Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/46

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MARCASSE.

Un assassin… Jean Simonard était chez eux ; j’ai dit : « Allez. » Je vous ai vus fuir, je vous suivais.

EDMÉE.

Oh ! le cœur dévoué ! je vous bénirai tous les jours de ma vie ! Aidez-moi à sauver ce jeune homme et à rejoindre…

PATIENCE, qui est monté à l’échelle.

Qu’est-ce qu’il y a donc ? Le ciel est tout rouge, la forêt brûle… Mais non… Attendez ! C’est la Roche-Mauprat !

BERNARD, bondissant.

Le feu à la Roche-Mauprat ?… Oh ! c’est la défaite et l’outrage ! c’est le sceau du vasselage sur l’écusson de la famille !… Honte à votre père, Edmée ! honte à vous comme à moi si les Mauprat sont arrêtés et jugés, si leur château est pris et rasé !… J’irai !… Je ne peux pas laisser égorger mes oncles… Malgré tout le mal qu’ils m’ont fait, j’irai !… Adieu, adieu, vous autres !… Adieu, Edmée !… Il faut que j’y aille, je vous dis.

Il ouvre vivement la porte en repoussant ceux qui veulent l’en empêcher.




Scène IV


Les Mêmes, LÉONARD.


Au moment où Bernard ouvre la porte, Léonard s élance sur le seuil, mais en s’appuyant aux embrasures, chancelant, livide, la tête nue, les habits souillés et déchirés.


BERNARD.

Léonard !

LÉONARD, haletant et farouche, avec une expression de mépris.

Ah ! c’est vous ? (Patience et Marcasse, craignant pour Edmée, font le geste de la garantir.) Oh ! ne craignez rien, vous autres. Je suis seul, sans armes. (Il jette le manche et le tronçon d’un couteau