Page:Sand - Theatre complet 3.djvu/57

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BERNARD, à M. Aubert.

Je ne peux pas vous répondre ; j’étais distrait, cette fois. J’écoutais ce que dit ma cousine.

M. AUBERT.

Cela valait probablement mieux que tout ce que je puis vous dire… Pourtant…

BERNARD, se levant avec brusquerie.

Il n’y a pas de pourtant qui tienne !

EDMÉE.

Répondez avec plus de douceur, Bernard !

BERNARD, s’approchant d’Edmée et lui parlant à demi-voix, appuyé sur le banc, pendant que Patience s’approche de M. Aubert.

Si vous vous occupiez un peu plus souvent de moi, vous, je me façonnerais peut-être ; mais c’est par hasard, et toujours comme sans y toucher, que vous me chapitrez en passant ! Voyons ! est-ce vrai ? Il y a des jours où vous ne me dites pas quatre paroles.

MADEMOISELLE LEBLANC, qui est entrée, et qui est derrière eux.

Ma foi, c’est déjà trop !

BERNARD, en colère.

Oh ! vous, la vieille sotte, laissez-moi tranquille ! Je ne vous parle jamais. Dieu merci !

MADEMOISELLE LEBLANC.

Vieille sotte ! à moi de pareilles invectives, à moi qui suis dans la maison depuis trente ans ? Mademoiselle, on m’insulte devant vous, et vous ne dites rien ?

EDMÉE, bas, à mademoiselle Leblanc.

Pourquoi le provoquer ? Ce n’est pas le moment !

MADEMOISELLE LEBLANC.

Ah ! comme vous le protégez, lui ! Allons, si ça continue, il faudra que je cède la place à un intrus, à un…

BERNARD.

À un quoi ? Parlez donc tout haut qu’on vous réponde !