Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/140

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Violence funeste ! Entre le crime et l’abaissement, il n’y a qu’un chemin à prendre ; mais l’homme a le pied trop large et trop lourd pour y marcher, et les oiseaux du ciel ou les biche des bois ont seuls le secret de la délivrance !

ROLAND.

Je vous entends, tout ignorant et inculte que je suis. Mais, vous qui parlez de liberté, avez-vous des ailes d’oiseau ou des pieds de biche ?

JACQUES.

Pour fuir le monde insensé, la cité perverse, l’homme a quelquefois les ailes du désir ou les pieds de la crainte ; mais, en quelque désert qu’il se réfugie, il se retrouve toujours sous le joug de son pire ennemi, qui est lui-même.

ROLAND.

L’ami, vous avez la sagesse orgueilleuse ou la raison chagrine.

JACQUES.

Moi sage ? Non, certes ! les plus insensés des hommes sont ceux qui se croient raisonnables.

ADAM, à Roland.

Monsieur, à ses discours encore plus qu’à son visage, j’ai reconnu un ami du vieux duc. Laissez-moi l’interroger et savoir s’il peut vous porter secours dans vos peines.

ROLAND.

Fais comme tu voudras.

Il remonte vers le fond.
ADAM.

Vous vous en allez ?

ROLAND.

Oui… j’ai un projet…

ADAM.

Quoi donc ?

ROLAND.

Je souhaite parler à ce fameux lutteur dont tu me parlais tout à l’heure… et dont je viens ici admirer les prouesses.

Il sort par la droite, derrière l’estrade. Adam le suit des yeux ; Jacques passe à droite.