Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/143

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ment, on risque d’être malheureuse ; si l’on se joue de l’amour, c’est pire !…

ROSALINDE.

C’est vrai, cherchons autre chose. De quoi rirons-nous ? Ah ! tiens, justement, voici le bouffon chargé du soin de nous égayer.




Scène V


CÉLIA, ROSALINDE, assises ; PIERRE TOUCHARD, l’air affairé, venant du fond.
CÉLIA.

Eh bien, maître Pierre de Touche, phénix d’intelligence, où vas-tu ?

TOUCHARD, prenant tout à coup l’air posé.

Maîtresse, les jeux vont commencer, et le duc va venir, sur mon honneur !

CÉLIA.

À qui prends-tu ce serment-là, nigaud ?

TOUCHARD.

À un certain chevalier qui jurait sur son honneur que la friture était bonne, et que la moutarde ne valait rien. Pourtant, la friture ne valait rien, la moutarde était bonne, et mon homme ne se parjurait pas.

CÉLIA.

Comment arranges-tu cela ?

TOUCHARD, se mettant derrière elles.

Regardez-moi toutes deux, caressez-vous les joues, et jurez par vos barbes que je suis un coquin.

CÉLIA.

Par nos barbes, tu es un coquin !

TOUCHARD.

Donc, je suis un honnête homme ; car, lorsqu’on jure par ce que l’on n’a pas, on fait comme ce chevalier jurant par son