Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/145

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JACQUES.

Je sais qu’à la cour, il faut porter ce bonnet pour dire la vérité. (À Rosalinde, en allant à elle.) Madame, je vous apporte des nouvelles de votre père.

ROSALINDE.

Mon père ! Ah ! parlez vite ! et parlez beaucoup !

JACQUES.

Il m’a chargé de vous dire qu’il vous souhaitait un printemps aussi vert que sa vieillesse.

ROSALINDE, allant à Célia.

Embrasse-moi, chère Célia, et Dieu soit loué ! (À Jacques.) Est-il toujours dans son château des Ardennes, et compte-t-il y rester encore ?

JACQUES.

Oui ; il souhaite y rester toujours. Après avoir été poursuivi et persécuté si longtemps, il se trouve heureux d’être oublié dans cet humble manoir, situé au milieu de la forêt. Il est là, avec ses fidèles compagnons, vivant de sa chasse, comme le vieux Robin Hood d’Angleterre. Chaque jour de jeunes seigneurs, fils de ses anciens amis, viennent se joindre à lui, et, tous ensemble, exempts de soucis, ils laissent couler le temps, comme au siècle de l’âge d’or : voilà mon message.

ROSALINDE.

Oh ! que le ciel conserve en joie et santé mon père et ses amis !… Mais ne désire-t-il pas que l’on me permette de le rejoindre.

JACQUES.

Il le désire, et ne le souhaite pas, si vous êtes heureuse ici : la vie qu’il mène serait trop rude pour vous.

ROSALINDE.

J’ai de la force, du courage !

CÉLIA.

Et tu ne m’aimes pas !