Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/166

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

TOUCHARD.

Oui, monsieur. Autrefois, les grands étaient trop sages ; ils inventèrent les fous pour avoir de la gaieté. Mais peu à peu ils ont pris notre folie et nous ont laissé en échange leur sagesse. Nous aurions dû demander du retour.

LE DUC.

De mieux en mieux ! Mais de quel pays viens-tu, et quel maître as-tu servi ?

TOUCHARD, qui mange avec avidité.

Tout à l’heure… Je… On m’a dit… (À part.) On m’a dit de le préparer adroitement à l’arrivée…

LE DUC.

Parle ! peut-être sauras-tu des nouvelles de ceux qui m’intéressent.

TOUCHARD.

Oh ! des nouvelles, j’en ai la bouche toute pleine… Il n’y a, à vrai dire, que de vieilles nouvelles à la cour de votre frère.

LE DUC, se levant.

Mon frère ! Tu es donc… ?

TOUCHARD.

L’ami intime, le favori, les délices des deux princesses ; ce qui me fait penser à vous dire que votre fille Rosalinde se porte aussi bien que vous et moi, et que M. Jacques, mon camarade, est là, tout près, qui attend votre bon plaisir.

LE DUC.

Jacques est là ? Que ne le disais-tu tout de suite ? Jacques ! Jacques ! où donc êtes-vous ?

TOUCHARD.

Ayez patience ! M. Jacques a pris fantaisie de vous amener un page, et le garçonnet retarde sa marche.

LE DUC.

Un page, à moi, et un fou ? Que veut-il que je fasse de deux serviteurs de cette espèce ?