Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/185

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CÉLIA.

Ce passé brisé, c’est peut-être un mort que vous avez fait ! Le doute tue comme l’épée ! Prenez garde à vous, meurtrier de votre âme ! C’est grand dommage qu’elle ne soit plus, puisqu’elle était si belle. Ce que vous en dites fait regretter qu’il n’en reste pas un peu que l’on pourrait plaindre… aimer peut-être !

JACQUES, se levant.

Aimer !…

CÉLIA.

On ne sait pas !

Elle reste interdite.




Scène VIII


Les Mêmes, ROSALINDE, venant par le fond.


ROSALINDE, dans la coulisse.

Célia !… Célia !…

CÉLIA, tressaillant.

Ah ! voici, Rosalinde !… Eh bien, ton père ?

ROSALINDE.

Touché de ton amitié pour moi, il voudrait te recevoir et te chérir comme sa seconde fille ; mais, lui qui s’est laissé ravir la sienne, il recule devant l’idée d’une vengeance dont il a connu et senti la cruauté. Le vœu de son cœur t’appelle : l’arrêt de sa conscience te repousse.

CÉLIA.

Eh quoi ! à mon tour, je serai chassée et bannie d’auprès de toi ?

ROSALINDE.

Mon père ne s’arroge pas le droit de te bannir de ce territoire, dont une bien petite portion lui appartient. Il ne peut que te supplier…