Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/202

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JACQUES.

Portez ce luth et ces livres dans la maison. (Un valet entre dans la maison.) Laissez là ce tapis, cet éventail et ces coussins. Allez ! (L’autre valet sort par le ravin.) C’est là qu’elle aime à s’asseoir, à l’heure où le soleil baisse. Puisqu’elle a quitté un trône pour suivre ici les pas de l’infortune, faisons-lui de ces rochers un lit moins âpre, et que ses pieds délicats puissent reposer sur un sol plus moelleux !

Il a disposé, en parlant, le tapis et les coussins sur les rochers, à droite ; il pose le miroir garni de plumes sur un des coussins.



Scène V


JACQUES, ROLAND, venant du ravin.


JACQUES, avec humeur.

Quoi ! vous ici ? Mes gardes vous ont laissé monter le sentier ?

ROLAND.

Oui, je leur ai dit mon nom ; ils savent bien que je ne suis point un ennemi de la noble Célia.

JACQUES.

On n’a rien appris aujourd’hui du duc Frédéric au manoir de son frère ?

ROLAND.

Errant dans la forêt depuis ce matin, je l’ignore.

JACQUES, l’observant.

Vous avez erré… vous avez l’air d’une âme en peine !

ROLAND.

Fort en peine, je vous assure. Je voudrais… Je venais vous trouver pour cela… vous que l’on dit savant dans les lettres… Mais vous vous moquerez de moi ! N’importe, je voudrais faire des vers.

JACQUES, brusquement.

Eh bien, faites-en.