banc de rochers, à droite, joue avec l’éventail, et s’en sert pour regarder Jacques, en se cachant la figure.) Parlez-moi d’un certain page… que j’aime beaucoup ! J’aurais cru qu’il viendrait me voir… de la part de mon oncle. Ne peut-il venir ici sans danger ?
Il doit venir ici aujourd’hui même.
Ah ! je comprends votre visite.
Madame, permettez-moi de vous parler en secret.
Un peu plus loin de nous, esclave ! (Jacques va s’asseoir avec un dépit mal caché à l’autre bout de la scène. — À Roland.) Voyons, dites-moi la vérité. Que pensez-vous de ce beau page ?
Ah ! madame, à vous seule j’oserai répondre. Je venais vous supplier de lui dire un peu de bien de moi…
Oh ! que vous savez bien lui en dire vous-même !
Hélas ! non. Je ne sais rien lui dire de moi, sinon que j’aime !… Et, comme il connaît beaucoup Rosalinde, comme il m’a dit avoir accès auprès d’elle, j’espère qu’il lui répétera mes paroles !
Quoi ! ignorez-vous que Rosalinde… ?
Est cachée au manoir de son père, et ne se montre qu’à lui ? Voilà ce que le page, ce que tous les amis du vieux duc m’ordonnent de croire, tout en riant de ma simplicité ? Rosalinde elle-même… c’est-à-dire le page…
Ah ! prenez garde à ce jeu-là ! (Jacques se lève agité et va au fond à gauche.) Rosalinde, vous voyant si aveugle, s’imaginera que vous ne l’aimez qu’en rêve.