Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/213

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
JACQUES.

N’est-ce point un piège pour ramener sa fille ?

CÉLIA.

Non, mon père ne fut jamais fourbe.

LE DUC.

Hélas ! revoir le monde et recommencer les jours d’une amère expérience ! Jacques, mon sévère conseiller, que ferais-tu à ma place ?

JACQUES, passant au duc.

Le monde n’est que vanité, l’homme n’est que folie ; mais, plus le mal es grand, plus le médecin a de zèle. Monseigneur, vous avez trouvé ici la sagesse et la science ; ce sont des dons de Dieu qui ne doivent pas demeurer stériles. Allez donc enseigner ce que vous avez appris, et que la vérité, cette plante précieuse et rare, découverte dans la solitude et cueillie dans la méditation, devienne entre vos mains le dictame versé sur les misères humaines !

CÉLIA.

Ainsi, ma Rosalinde, ma princesse, ma souveraine ! Je te vais prêter foi et hommage ! mais tu permettras… (elle fait signe à Roland) qu’un de ses amis prenne place à tes genoux.

LE DUC, d’un ton sévère.

Attendez, sire Roland ! je sais que vous osez aspirer à toucher le cœur de ma fille. Vous portez un beau nom, un nom qui m’est cher ; mais j’ignore si votre conduite mérite mon estime.

ROLAND, vivement.

Quelqu’un peut-il m’accuser d’une action lâche ou mauvaise ?

LE DUC.

Oui, monsieur, quelqu’un vous accuse et vous réclame. (À Amiens.) Faites approcher la personne qui, tout à l’heure, dans la forêt, m’a remis la lettre de mon frère.

ROLAND.

Qui donc ose prétendre… ?

Il va impétueusement au-devant d’Olivier, qui paraît.