Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/266

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trop !… Veux-tu bien ne pas pleurer ! (Pleurant lui-même.) Un homme ! c’est ridicule, ça !

CYPRIEN.

Laisse-moi pleurer ! il y a si longtemps que j’étouffe !

DES AUBIERS.

Mon Dieu, moi, je rie dis pas, mon enfant ! si c’était possible… Je sais bien qu’on a beau épouser une femme riche… et qu’on a beau se marier tard… oh ! mon Dieu, à vingt ans ou à trente-cinq, c’est toujours le mariage ! Avec l’amour, on a la tempête ; avec la raison, l’ennui ! Je crois que la tempête vaut encore mieux à ton âge !

CYPRIEN.

Tu vois donc bien…

DES AUBIERS.

Mais c’est fort inutile, ce que nous disons là ! ma femme… elle est grande et généreuse à coup sûr ; mais elle a un orgueil !… des idées !… elle attache à la considération un prix… exagéré, et à la naissance, donc !

CYPRIEN.

Nous ne sommes pourtant pas, toi et moi, d’un sang tellement illustre…

DES AUBIERS.

Pardieu ! Et, quand nous sortirions de l’épée de Charlemagne ! moi, grâce au ciel, je n’ai pas de préjugés, je suis un vrai philosophe, l’homme de mon siècle, et je dis que chacun est le fils de ses œuvres !… Mais Marguerite…

CYPRIEN.

Mon père ! voici Anna ! Parle-lui comme tu viens de me parler… et l’avenir est à nous !




Scène IX


CYPRIEN, DES AUBIERS, ANNA.


DES AUBIERS, bas, à Cyprien.

Eh ! elle est jolie ! l’air modeste !