Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/276

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DES AUBIERS.

Eh ! c’est bien le moment de se disputer !

MARGUERITE.

Je suis jouée. Par qui donc ?

DES AUBIERS.

Par de Luny, qui vous fait emmener Anna !

MARGUERITE.

Rassurez-vous, M. de Luny ne sait rien.

DES AUBIERS.

Comment ! vous n’êtes pas d’accord avec lui ? Mais c’est encore pis ! il va être furieux !

MARGUERITE.

Il fallait peut-être lui demander sa permission ? Je m’en suis passée.

DES AUBIERS.

Marguerite, Marguerite, ne jouez pas avec M. de Luny ! ne le bravez pas, ne le mettez pas au défi.

MARGUERITE.

Ah ! pour qui le croyez-vous si dangereux ? pour Anna ou pour moi ?

DES AUBIERS.

Pour Cyprien, ma femme !

MARGUERITE.

Comme rival ? Anna est en sûreté ; ne le fût-elle pas, je ne crois pas que les cinquante ans de ton ami…

DES AUBIERS.

Dieu ! que tu as la tête dure ! Quand de Luny tient une épée, ses cinquante ans lui servent mieux que la fougue et l’inexpérience de la jeunesse, que diable ! S’il est ici caché, c’est que dernièrement encore, à Venise, un pauvre jeune homme, son rival, comme Cyprien peut l’être aujourd’hui…

MARGUERITE, effrayée.

Ah ! oui, je comprends.

DES AUBIERS.

C’est bien heureux ! Donc, il ne s’agit pas de railler cet