Page:Sand - Theatre complet 4.djvu/355

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pourrez accepter de confiance ; fiez-vous à votre mère, Urbain !

URBAIN. Il s’assied sur le siège qu’occupait Caroline ; celle-ci s’assoit à gauche et coupe un livre.

Les parents, ma bonne mère, ont toujours des espérances superbes, parce qu’ils ont des illusions charmantes. C’est une tendre mère qui a dit naïvement :

        Mes petits sont mignons,
   Beaux, bien faits et jolis sur tous leurs compagnons.

Vous vous créez pour moi un idéal impossible.

LA MARQUISE.

Non ! je rêve…

URBAIN, regardant Caroline, qui ne s’en aperçoit pas.

Les choses que l’on rêve n’arrivent pas. Pourquoi ne pas se contenter d’apprécier celles qu’on voit ?

LA MARQUISE.

Vous connaissez donc quelqu’un ?…

URBAIN.

Je parle de cela à un point de vue général, chère maman. Je dis que la perfection morale mérite qu’on se prosterne devant elle et qu’on peut la rencontrer sans l’avoir cherchée. Quant à vous qui voulez la rencontrer pour moi, associée à d’autres choses moins essentielles, vous ferez bien des pas inutiles dans le pays des songes.

LA MARQUISE.

Urbain, vous vous trompez. Qu’est-ce que je veux pour vous ? Une toute jeune fille, très-bien née…

URBAIN.

Jolie, aimable.

LA MARQUISE.

Oui, et vertueuse, spirituelle…

URBAIN.

Instruite, bonne…