Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/104

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fèves gâtées, et tu seras vendu aux gens de la montagne, qui te condamneront au dur travail des mines !

BACTIS, la regardant avec douleur.

Je le savais bien, que tu ne m’aimais pas ! … (Il sort).


Scène V

MYRTO, seule.

Bactis, mon cher Bactis ! Ah ! qu’elle est ardente, cette haine qui fait que je t’adore ! Moi, te faire souffrir ! … moi, te faire vendre ! … Jupiter libérateur, aide-moi à rompre ses chaînes et à guérir son âme… Je vais pétrir pour lui les gâteaux de miel avec le plus pur froment, et répandre sur son humble couche la menthe et le romarin, qui procurent les doux songes (Elle sort.)


Scène VI

CHRÉMYLE, seul, sortant du bois sacré.

Quel oracle ! Lumière du soleil, quel oracle ! Je ne le comprends en aucune façon ; mais ce doit être le plus beau des oracles, puisqu’au dire des hommes les plus savants, les meilleures prédictions sont celles que l’on ne peut deviner sans l’aide du destin ! Ah ! Carion, te voilà ; écoute.


Scène VII

CHRÉMYLE, CARION.
CARION.

Eh bien, mon maître, vous semblez fier et content comme un homme qui aurait mangé des anguilles de Copaïs !

CHRÉMYLE.

Tais-toi, insensé ! Je ne suis repu que de la faveur céleste. Le dieu m’est enfin propice !

CARION.

Voilà une chose que vous dites tous les matins…