Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/144

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ville espèrent que je les admettrai au partage !… D’abord, ce sont tous fripons ou prodigues qui me le raviraient ou me l’épuiseraient en un tour de main ; et puis quelque calomniateur pourrait bien me traduire devant les juges comme ayant commis un crime, assassiné quelque voyageur ou percé le mur d’une maison ! Quand on voit un homme devenir riche tout d’un coup, on le soupçonne. J’ai eu tort de ne pas cacher, même à mes plus proches, la présence de Plutus. Je me sens triste et comme menacé des plus grands malheurs.


Scène V

CHRÉMYLE, BACTIS, MERCURE, au fond.
BACTIS, a Chrémyle.

Cet étranger semble ignorer ce que tu veux cacher. Il insiste pour que tu l’écoutes.

CHRÉMYLE.

Allons, qu’il vienne ! (À part.) Je me méfierai ; oui, oui, à présent, il faut se méfier de tout le monde. (Mercure approche, Bactis sort.)


Scène VI

CHRÉMYLE, MERCURE, sous le déguisement d’un héraut.
MERCURE.

Riche et vénérable cultivateur…

CHRÉMYLE.

Vénérable, je ne dis pas non ; mais riche, vous vous trompez l’ami : je ne suis pas riche.

MERCURE, familier.

Alors, mon pauvre homme…

CHRÉMYLE, piqué.

Par la sibylle, je ne suis pas non plus pauvre ! ne me parlez pas sur ce ton-là.

MERCURE.

Comment donc te parlerai-je, ô Chrémyle ?