Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/158

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nités, vous n’en aurez plus qu’une à réjouir par vos sacrifices.

CHRÉMYLE.

Et cependant, toi, Mercure, ne seras-tu pas fâché contre nous, si nous cessons de l’offrir le pain trempé dans le vin, le miel, les confitures et les autres choses dont tu es friand ?

MERCURE.

Moi, c’est différent. Je suis le bras droit et le guide de Plutus ; vous me sacrifierez en même temps qu’à lui.

CHRÉMYLE.

Mais Apollon, qui me l’avait annoncé et promis… Je ne voudrais pas montrer de l’ingratitude à ce dieu-là !

MERCURE.

Ce dieu-là ne se nourrit que par les oreilles. Vous lui offrirez une chanson de temps en temps.

CHRÉMYLE.

Mais nos divinités champêtres, les nymphes aux jolis pieds, le bon vieux Pan avec sa flûte…

MERCURE.

Vous pouvez les garder. L’important, c’est d’abolir le culte de Jupiter. Alors, Plutus, flatté de lui succéder, ne fera plus rien que pour vous, et comme vous l’entendrez.

CHRÉMYLE.

J’entends bien cela ; mais, si les villes suivent notre exemple ?

MERCURE.

Plutus saura bien distinguer ceux qu’entraînera l’exemple de ceux qui les premiers auront eu l’idée de lui rendre les plus grands honneurs.

CHRÉMYLE.

Il est certain que la première idée vient de moi.

MERCURE, railleur.

J’en rendrai témoignage ?

CHRÉMYLE.

Il est vrai que tu me l’as suggérée ; mais…