Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/182

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DURAND.

Et pourquoi s’occupe-t-elle encore des vaches ? Je l’en avais dispensée.

COQUERET.

Oh ! monsieur, elle ne veut pas faire la demoiselle ! Elle aime tant les bêtes !

DURAND.

Enfin pourquoi m’as-tu dit : Je ne sais pas ?

COQUERET.

J’ai cru que monsieur me demandait où était la cuisinière.

DURAND.

Allons, tu seras toujours aussi fou, aussi distrait ! Une vraie tête de linotte !

COQUERET.

Oh ! non, monsieur ! Depuis huit jours que monsieur s’est absenté, je ne suis plus de moitié si bête !

DURAND.

C’est-à-dire que c’est moi qui te rendais bête ?

COQUERET.

Oh ! non, monsieur, toute la faute était à moi ! Mais, depuis que Louise a entrepris mon éducation…

DURAND.

Ah ! Louise a entrepris… ?

COQUERET.

Oui, monsieur. Elle m’a dit comme ça : « Vois-tu Jean, tu impatientes notre maître avec ta bêtise ; faut te forcer l’esprit pour lui complaire, faut apprendre ! Moi, j’ai appris à seule fin de t’enseigner, et je vais t’enseigner bien vite, du temps que monsieur n’y est pas. »

DURAND.

Alors,… selon toi, elle ne s’est donné la peine d’apprendre qu’à ton intention ?

COQUERET.

Oui, monsieur, c’est comme je vous le dis.

DURAND, avec dépit.

Elle est, ma foi, bien bonne !