Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/195

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cun rapport avec vous ; mais, en ce moment, j’ai la main forcée. Des personnes qui désirent vous connaître et qui viennent de descendre chez moi veulent absolument que je vous invite à diner. Comme c’est la seule occasion qui vous reste de réparer vos torts, je compte que vous ne me refuserez pas. Je vous attends à six heures. » Ah ! que le diable les emporte, ces personnes-là ! Que faire ? Je ne peux pourtant pas me brouiller avec ce brave voisin…

COQUERET.

Monsieur, on attend la réponse.

DURAND, avec dépit.

Dis que j’irai.

COQUERET, à la fenêtre, criant.

Monsieur ira. (Revenant, à part.) Il faut que je me dépêche de lui parler, puisqu’il va sortir. (Haut.) Monsieur… (À part.) Il ne m’écoute pas, il lit dans son journal. (Haut.) Monsieur, vous êtes un bon maître… un homme d’esprit… un grand savant… (À part.) Il ne m’entend pas du tout ! Je vais me plaindre un peu. (Il fait de grands soupirs.)

DURAND.

Eh bien, qu’est-ce ? Tu as mal aux dents ?

COQUERET.

Non, monsieur, c’est dans le cœur.

DURAND.

Bah ! c’est la croissance.

COQUERET.

Non, monsieur. Monsieur me prend toujours pour un enfant ; j’ai vingt-deux ans et demi passés.

DURAND.

Tiens ! c’est possible au fait. Eh bien, qu’est-ce que tu sens au cœur ? des élancements ?

COQUERET.

Oui, monsieur, ça me pique, ça me brûle et ça me poignarde !

DURAND.

Il y a quelque temps que tu éprouves cela ?