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Scène XVIII

LOUISE, COQUERET.
LOUISE.

Voyons, entre, n’aie pas peur, remets-toi… Il n’est pas là… Ne lui montre pas ta peine, parle-lui honnêtement, et surtout ne pleure pas ; car, de te voir pleurer, ça me fait perdre la tête, je ne sais plus ce que je dis ni ce que je fais !… Laisse-moi arranger tout cela du mieux que je pourrai.

COQUERET.

Tu ne peux rien arranger, puisque tu me hais !

LOUISE.

C’est faux ! je t’aime !

COQUERET.

Oui, tu m’aimes comme ton petit chien, comme tes poules ! Tu as bien pleuré quand la pigeonne blanche a été mangée par la belette !

LOUISE.

Tu dis des folies, des sottises ! Je t’aime comme tu le mérites ; mais tu vois bien que monsieur…

COQUERET.

Quoi ! monsieur, monsieur ? Toujours monsieur ! Qu’est-ce que ça lui fait, tout ça, à monsieur ? Est-ce que ça le regarde ? est-ce qu’il me prend pour un mauvais sujet ? est-ce qu’il ne me connaît pas ? est-ce qu’il ne sait pas que je l’aime autant que tu peux l’aimer, que je me flanquerais dans le feu pour lui comme pour toi, et que, si j’étais à sa place et lui à la mienne, je le marierais avec toi, comme je souhaite qu’il nous marie ?

LOUISE.

Ne parle pas si haut, Jean ; monsieur est peut-être par là dans sa chambre ! Tout ce que tu dis là, c’est justement ce qu’il ne faut pas lui dire ! C’est ça qui le fâche ! Il ne veut