Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/253

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NANNI.

Vous vous imaginez…

MAX.

Je n’imagine rien ! Comment donc ! je vois clairement qu’il tombe de sommeil… Et vous aussi, vous allez bâiller tout à l’heure ! Tout cela, ce n’est pas pour me renvoyer ! certes, vous n’y songez pas ! (Il lit toujours.)

NANNI, à part.

Ce vilain homme devine tout ! Eh bien, je vais lui parler de… (Haut.) Tenez, monsieur Max, vous devinez qu’il y a quelque chose ! M.  Tyss craint vos moqueries ; mais, moi, cela m’est fort égal, moquez-vous tant que vous voudrez ; je ne vous en dirai pas moins que vous avez tort de rester ici malgré…

MAX.

Malgré quoi ?

NANNI.

Malgré les esprits de la maison, qui n’aiment pas qu’on les dérange pendant la nuit de Noël.

MAX.

Les esprits ? Ah ! oui-da ! c’est pourtant une maison ou l’esprit manque beaucoup !

NANNI.

Non pas quand vous y êtes, monsieur Max !

MAX, saluant.

Merci.

NANNI.

Alors, vous ne croyez pas… ? (On entend craquer fortement les boiseries.) Ah ! tenez !

MAX, qui n’a pas bougé.

Les boiseries qui craquent quand le poêle chauffe ? Si elles ne subissaient pas l’effet de la température, elles seraient en révolte contre la loi du retrait, qui est une loi physique des plus connues, et c’est alors que vous auriez sujet de vous étonner et de nous effrayer.