Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/257

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calier(Il regarde dessous, dans l’enfoncement.) Ah ! cette boîte !… Elle n’est pas là ordinairement. Ce doit être la cause… (Il prend la boîte de marionnettes et la place au milieu de la chambre.) Voyons maintenant ! (Il retourne à l’établi, prend un marteau et frappe sur le timbre, qui rend un son sec et fêlé.) Je l’ai donc cassé ?… Voyons autre chose ! (Il frappe sur l’établi.) Ceci est un bruit normal ! (Il frappe avec le marteau sur la boite de marionnettes, qui répond par un bruit formidable.) Ah ! (Il soulève, examine et secoue la boîte.) C’est léger, cela semble vide… Pourtant, c’est fermé !… Mais je peux bien briser le couvercle ! (Il frappe à plusieurs reprises sur le couvercle, qui résiste, et, à chaque coup de marteau, le bruit fantastique se répète avec une intensité effrayante et risible. — S’essuyant le front et laissant tomber son marteau, troublé.) Je ne comprends pas ! Moi, ne pas comprendre ? Allons donc ! L’explication… la voici : c’est un phénomène qui se produit en moi seul ! c’est une exaspération, un égarement ; non ! un développement subit, et tout à fait remarquable, des fonctions de l’ouïe. Je le savais bien, moi, qu’à force d’exercer mes facultés intellectuelles, j’arriverais à décupler la puissance de mes organes ! (Un peu égaré, à part.) Certes tout est miracle dans la nature, et il appartient aux organisations supérieures de posséder ces puissances merveilleuses que le vulgaire attribue à la magie… (Prenant la lumière sur l’établi.) Je vais monter dans la chambre de Rossmayer, et, de là, planant sur la ville, j’entendrai tous les bruits de l’horizon, j’exercerai cette faculté nouvelle que je possède… Et qui sait à quelle découverte peut me conduire… (Il disparait en parlant jusqu’au haut de l’escalier.)