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Scène II

DESŒILLETS, SYLVIA.
SYLVIA, un peu agitée.

Monsieur Desœillets, le prince est à Lyon ; je le viens de voir qui traversait la place en chaise de poste.

DESŒILLETS, à part.

Aïe ! (Haut.) Eh ! comme vous voilà toute blêmie ? Vous le craignez donc fort ce prince italien ?

SYLVIA.

Je ne lui fais point cet honneur ; mais je crains Marielle, vous le savez.

DESŒILLETS.

Serait-il jaloux ?

SYLVIA.

Il ne me fait point cette injure. Mais parlez donc, savez-vous quelque chose ?

DESŒILLETS.

Je ne voulais point vous troubler au moment de représenter ; mais, il faut bien vous le dire, j’ai rencontré un des valets du prince, envoyé en courrier. Le prince arrive. Il repart demain, il se rend à Paris pour des affaires avec le Mazarin. Eh bien, que vous importe ? Il ne vous sait point ici. Il ignore que vous êtes enrôlée dans la comédie, que vous êtes mariée avec…

SYLVIA.

Vous êtes assuré qu’il ignore tout cela ?

DESŒILLETS.

À moins que je ne me sois employé à le lui écrire, il ne peut point l’avoir deviné, et je ne pense pas que vous mettiez en doute…

SYLVIA.

Non, Desœillets, ce serait trop affreux ! mais dites-moi s’il avait la fantaisie de voir la comédie ce soir ?