Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/359

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MARIELLE, à Fabio.

Tu vas encore me demander de faire l’arlequin ?

FABIO.

Mon père, je te jure que je suis las de faire l’amoureux.

MARIELLE.

Est-ce pour cela que tu es soucieux depuis quelques jours ?

FLORIMOND.

Oui ! le public ne fait point assez d’état de la personne de monseigneur Léandre. On est jaloux des vieux.

MARIELLE, quittant sa toilette et paraissant avec sa tête de Scaramouche.

Si je diffère, mon enfant, c’est par l’envie que j’ai de t’assurer un triomphe. Tu n’as point encore assez étudié le burlesque. C’est plus malaisé que tu ne crois. C’est de la grâce encore, mais une grâce plus fine et plus souple que celle de ton emploi. Il te faut perdre toute la fierté de tes mouvements, et j’appréhende que tu ne sois trop joli de ta personne et point assez comique.

FLORIMOND.

Lui ! il sera d’un comique à porter le diable en terre.

FABIO.

Ainsi, Marielle, vous ne voulez point ?

MARIELLE.

Tu y tiens donc beaucoup ?

FABIO.

Tellement, que…

MARIELLE.

Eh bien ?

FABIO.

Mon père, je vous en prie. Considérez que je suis dans un âge à me vouloir avancer. Qui est-ce qui distingue un Horace, un Lélio, un Mario, un Léandre ? On vous tient peu de compte d’une belle prestance ; que vous disiez bien ou mal, on ne vous écoute point. Je suis lassé de mon obscurité. Il faut que j’en sorte, et, si vous m’y empêchez toujours, je croirai, à la fin, que vous ne m’aimez plus !