Page:Sand - Theatre de Nohant.djvu/371

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
MARIELLE.

Que je cherche ailleurs mon rival, quand j’ai là la preuve de ton crime ? que je le cherche plus haut ? Il insulte la femme qu’il a égarée et perdue ! (Saisissant Fabio au collet avec tant de vigueur, qu’il le force à plier le genou.) Oh ! tu n’es point digne de cette femme ! ton amour la souille et la flétrit ! Tiens, tu me fais horreur, et j’ai envie de te tuer !

(Il le jette par terre avec violence.)
FABIO, avec rage, se relevant.

Oh ! mon Dieu ! si vous n’étiez pas mon bienfaiteur…

MARIELLE.

Ose donc, lâche ! ose-moi braver en face ! tremble de colère devant moi, et non de peur ! Oh ! mon Dieu ! ne pouvoir plus aimer personne ! rougir de ma femme et mépriser mon fils !… C’est aujourd’hui que je suis vieux, vieux… vieux !… j’ai cent ans ! Ah ! pourquoi ne m’as-tu pas tué tout à l’heure, dans cette scène de comédie où, en jouant la fureur, tu me pouvais assassiner impunément !

FABIO.

Oh ! Marielle ! que dites-vous ? Vous croyez que je l’ai fait à dessein ! Mais, je le vois, votre raison est troublée par ce heurt fatal…

MARIELLE.

Te tairas-tu, traitre ?

FABIO.

Mon père, mon père ! c’est plus affreux que tout le reste, ce que vous croyez là !

MARIELLE.

Tais-toi, te dis-je ! je ne suis plus ton père !


Scène XXVII

MARIELLE, FABIO, FLORIMOND.
FLORIMOND, sur l’entrée.

C’est à vous, Marielle, pour la dernière scène ; êtes-vous en